LIEUX   A   VISITER

APPROCHE  PATRIMONIALE  DE LA COMMUNE DE SANILHAC

LE  MONUMENT  DES  FUSILLES – 1944

Situé en retrait du chef-lieu, en bordure de la route départementale n°303 conduisant à Vernon et localisé sur les lieux mêmes des méfaits ( clairière en forêt) , il commémore un sinistre épisode de la guerre 39-45 sur le territoire communale.

Chaque année au mois d’avril, les habitants de la commune et de nombreux élus et Anciens Combattants des communes du Teil et de Sanilhac viennent se recueillir ( drapeaux déployés et fanfare en action) devant la stèle des 10 prisonniers du Teil qui ont été fusillés par les Allemands en avril 1944 en représailles d’une intervention armée des maquisards locaux.

Un extrait des événements (issu d’un texte de M. Robert BRUGERE, conseiller municipal de la commune voisine de Laurac en Vivarais ) est ici exposé.:

En 1944, des maquisards logeaient dans le château de Brison en partie délabré, appartenant à M. Guibourdenche propriétaire d’une ferme voisine. Dénoncés par des miliciens français, ils firent l’objet d’une tentative d’attaque par un détachement allemand venus du Teil le dimanche 10 avril 1944. Avertis du déplacement, ils s’échappèrent et en représailles les Allemands prirent quelques habitants de la commune pour les interroger et vraisemblablement les fusiller. Ce qui ne s’est pas fait, car l’un des habitants et un milicien s’étaient trouvés ensemble dans un sanatorium.
Néanmoins ils se sont saisis de M. Guibourdenche, propriétaire du château, pour vraisemblablement l’emmener au Teil et l’interroger.

Des bois tout proches, les maquisards ont assisté à la scène et ont improvisé une embuscade afin de le libérer et d’infliger des pertes aux Allemands. Cinq d’entre eux ont été tués. Dans la confusion, M. Guibourdenche réussit à s’échapper mais il a été sérieusement blessé (une dizaine de balles, dit-on) avant de tomber dans un fossé où il a fait le mort. L’un des miliciens aurait constaté qu’il “avait son compte”. En réalité il fut transporté par la suite dans une maison de résistants puis à Aubenas où il a été opéré (Dr Joly). On note que ce propriétaire ardéchois a vécu longtemps après, sauvé par sa corpulence et l’absence de blessures en zone vitale.

Les Allemands n’en sont pas restés là et ont décidé de revenir quelques jours plus tard pour fusiller 10 otages sur place (deux pour un Allemand tué) en choisissant des prisonniers (juifs et résistants) des prisons du Teil et de Viviers. Parmi eux se trouvait M. Tonneau, un très jeune résistant ( 20 ans à peine), transportés comme les autres otages par camion mais au nombre de 11 à la suite d’une confusion entre les prisons des deux localités. Relégué au fond du véhicule pour éviter toute tentative de fuite, il assista à l’exécution 1 à 1 des 10 premiers otages”.

Ce sinistre épisode a marqué les esprits et perpétré le souvenir de ces victimes, commémoré aujourd’hui et chaque année à Sanilhac par la population et les Anciens Combattants du Teil et de Viviers.

Quant au jeune Tonneau, il a été ramené à Viviers pour être déporté mais il a réussi à s’échapper en gare de Lyon à l’occasion d’un changement de train. Il échappa ainsi à la mort une seconde fois.

Aujourd’hui il vit toujours à Viviers et a participé à la rédaction de l’ouvrage et du CD ” La Résistance dans l’Ardèche”.

 

LA  TOUR  DE  BRISON

La Tour de Brison relève du domaine privé de la commune. Juchée sur un point haut des contreforts du Vivarais  à quelque 780 mètres d’altitude, elle domine tout le paysage alentour, d’ouest en est depuis le massif du Tanargue (1450 mètres)  jusqu’à la vallée de l’Ardèche, et du nord au sud  depuis le col de l’Escrinet (750 m) jusqu’à la région d’Alès.

La vue s’étend sur plus de 100 km dominant 40 villages et communes du sud du département.

Deux tables d’orientation ont été aménagées. Par temps dégagé pointent  les sommets du Pelvoux et du  Viso  en Italie.. C’est un lieu très fréquenté par les touristes et randonneurs, quelles que soient les périodes de l’année et notamment les week-ends; le summum  des visites étant l’ouverture de la tour à l’occasion des journées portes ouvertes ou “journées du patrimoine” à la mi-septembre de chaque année. On compte à cette occasion quelque 350 à 400  visiteurs sur deux demi-journées d’ouverture.

Des produits locaux sont à bon escient proposés à la vente

La tour a fait l’objet d’une remarquable restructuration depuis 1989 par une association dite ” les amis de la Tour de Brison “ Deux objectifs majeurs en  ont marqué la réalisation : restituer un patrimoine médiéval qui tombait en ruine et subvenir à la lutte contre les incendies par la mise en place ( en accord avec le SDIS – Service Départemental d’Incendie et de Secours ) d’une vigie sur son chemin de ronde qui culmine à 17 mètres. Le coût des travaux  supportés par subventions et dons  successifs pendant 25 ans, s’élève à 300 000 euros soit 12000 euros par an..Chaque année, la commune apporte sa participation. Ajoutons que  le prix  ” Rhône – Alpin  pour le patrimoine”,  de 5000 euros, a été décerné à l’association en 2006 pour la qualité du geste accompli dans la sauvegarde des monuments anciens.

A ce jour les travaux d’ensemble sur la tour sud ouest ( voir historique ci-après) sont terminés. C’est pourquoi l’association vise dorénavant à stabiliser la base des deux autres  tours nord et est ( aux pierres descellées ) et si possible celles des remparts.

Car il s’agissait à l’époque d’un ensemble castral de trois tours.

L’historique de la Tour.( selon M. Exbrayat, historien).

Perché à 780 mètres sur un plateau rocheux vraisemblablement occupé par les celto-ligures ( lieu de culte)  puis par les  romains ( oppidum qui permettait le contrôle des accès vers le Tanargue et le Haut Vivarais ) …  et peut-être par les Sarrasins, le site de Brison se trouvait au centre de l’immense domaine légué à l’évêque de Viviers par Aginus et son épouse Pétronille au VIème siècle.

La première mention écrite de Brison date de 1210 avec Etienne de Taurier, seigneur des lieux suivi de la grande famille des Beauvoir du Roure : Rostaing 1er (1583) Joakim, capitaine protestant et François 1er, baron de Beaumont (1705). Les Brison pendant des siècles jouent un rôle prédominant  dans l’histoire du Bas-Vivarais

Le domaine castral de Brison était une importante forteresse vraisemblablement construite au VII ème siècle. Une description nous est laissée par le notaire Duroure qui habitait aux Deux Aygues  :

le château était fortifié de trois grosses tours carrées triangulairement placées, distantes de 50 pieds l’une de l’autre, 100 pans de hauteur, ( 27 m) d’une épaisseur considérable et proportionnée à leur hauteur ( 1,80 m à la base) ayant trois voutes l’une sur l’autre…. les bords de l’emplacement étaient fortifiés de bons et gros remparts garnis de redoutes et meurtrières… une citerne profonde avait été creusée dans le roc, dans l’enceinte du fort et au devant de la grande tour afin d’avoir l’eau pour son usage dans le cas d’un siège où l’on ne pourrait pas sortir pour prendre de l’eau à la source, sortant du rocher”  

L’ensemble castral joue un rôle prépondérant dans les guerres de religion et servira de refuge aux armées protestantes. Sa position stratégique au coeur d’un système d’alerte et de défense du Vivarais méridional en fait un site très convoité. A la Révolution, l’édifice est  qualifié “d’insulte à la Liberté et à l’Egalité“, puis condamné.  Le District du Tanargue ( du nom du dieu gaulois du tonnerre) est chargé de sa démolition.

Tandis que les tours N et E servent, dit-on, à la construction du nouveau château en contre-bas ( 2km – ou château de Brison, aujourd’hui en ruines), la tour sud ouest est abandonnée, progressivement dégradée par les siècles. Le dernier propriétaire en fera don à la commune en 1978.

De ce délabrement est née une légende qui fait intervenir le diable et  le seigneur de Brison, texte que vous pouvez  lire sur la tablette au pied de la stèle située à Sanilhac sur la route menant au chef-lieu.

“Le Sire de Brison, combattant aux croisades, apprend que sa femme va épouser un autre
seigneur. Il fait un pacte avec le Diable qui le transporte en une nuit de Palestine en Vivarais,
juste à temps pour empêcher le mariage.
Brison se bat avec son rival et tous deux meurent, mais Brison a le temps de se réconcilier avec Dieu et manque ainsi de parole à Lucifer qui, de dépit, emporte une pierre de la tour et vient toutes les années, le même jour, à la même heure, en emporter une autre.
La légende prétend que lorsque la dernière pierre aura disparu, ce sera la fin du monde..

A ce jour, selon la Rédaction, cette fin ne semble pas d’actualité

 

LES   CALVAIRES

Les calvaires
A la différence du grand patrimoine, les calvaires, dans nos régions, font partie du petit patrimoine. Ils ne sont ni classés, ni qualifiés de remarquables et qualifiables.

Ils sont en très grand nombre, souvent épars, généralement implantés aux carrefours de chemins, sentiers ou voies rurales et rarement mis en valeur.

Ceux de notre commune, au nombre de 42, n’échappent pas à cette situation mais ils n’en présentent pas moins le témoignage de l’activité de l’homme, de son adaptation aux sites et surtout de l’expression de ses croyances, rites et usages, tous liés à la mise sous protection des lieux ( voire d’itinéraires et de récoltes).

La commune s’efforce d’entretenir ce bien commun. 13 calvaires ont été ainsi rénovés  (stabilisés) et remis à neuf par sablage de la pierre qui les constitue ( témoin celui des Pargues – photo ci-dessus). On observe également que certains d’entre eux sont emprunts de spécificités ( icônes et bas reliefs, rosaces et moulures ) qui, chacune, ont valeur de témoignage.

 

L’  EGLISE  DE  SANILHAC

Il s’agit d’un édifice important qui regroupe à la fois l’église ( qui peut recevoir plus de 300 personnes ) et qui abrite la mairie, la bibliothèque municipale, la salle polyvalente et un certain nombre de pièces et caves voûtées en sous sol, dont la salle des mariages qui fait aussi salle d’exposition liée aux activités de la bibliothèque.

L’ensemble est bâti en pierre de pays, ce qui lui donne un aspect massif sur plusieurs niveaux, outre la nef, les bas-côtés et le cimetière attenant.

L’église

Il faudrait dire « les églises » car trois édifices se sont succédé sur le même emplacement. Au Moyen Age, deux lieux de culte existaient sur l’étendue de Sanilhac: celui de Saint Pierre de Malet dans la vallée de la Beaume, et à l’est, sur des déclivités moins fortes, celui de Saint Bardoux ( ou en langue populaire Saint Bourdon). Cette église-ci, primitive, située au chef-lieu, se découvre amoindrie, car elle n’a conservé qu’une partie de ces murs avec des arcades en plein cintre décorant et confortant les surfaces murales. Cette première église va recevoir sur ces voûtes une construction des XII et XIIIème siècles.

Il est possible encore de voir le mur sud de cette deuxième église dont on a conservé les élégants voussoirs de la porte romane, enveloppés d’une archivolte. C’est cette église désormais officiellement Eglise de Sanilhac, qui est visitée en 1501 par Jean Bertrand mandaté par le curé de Largentière. Il dénombre cinq autels dont l’un est dédié à Saint Bardulphe.

Les guerres de religion vont ruiner l’édifice en 1565, mais il sera reconstruit en 1625, surélevé sur les ruines accumulées et conservant toujours le choeur sur l’église originelle. Ce troisième édifice, voué au culte catholique souffrira lors de la période révolutionnaire puis sera agrandi en 1824 pour former le transept et le chœur actuel, non sans y adjoindre une sacristie.

L’église de Sanilhac recevra encore au XIX et début du XX ème siècle une façade embellie, une tribune et un clocher avec sa flèche.. Elle est gardienne d’un lieu choisi, il y a 10 siècles, pour célébrer l’espérance chrétienne. Elle est dédiée à Saint Pierre.

LA   CHAPELLE

La Chapelette

La petite chapelle du lieu-dit La Chapelette fait partie des sites à visiter dans la commune de Sanilhac tant elle relève du patrimoine communal. D’une superficie intérieure de quelque 20 m2, elle peut  regrouper une vingtaine de personnes à même de se recueillir devant une statue de la Vierge Marie.

L’historique ci-après mentionne les raisons de cette construction des plus emblématiques sur l’histoire du pays.

Bref historique de la chapelle

“La peste ayant sévi en 1721 dans la région, la commune de Laurac en Vivarais commune voisine de Sanilhac, fut touchée par cette maladie qui fit plusieurs morts. c’est alors que tous les habitants de Sanilhac, pour éviter que ce malheur ne s’abatte sur eux,  firent  un voeu auprès de l’Eglise et promirent que, si la commune  était épargnée , une chapelle serait construite en remerciements.

Ce qui fut le cas et un emplacement pour satisfaire tous les habitants fut trouvé au lieu-dit La Chapelette. L’édification de cette bâtisse commença en 1746 et se termina en 1808.IElle fut réalisée en pierre de grès du pays”.

Deux détails dans la construction apparaissent lors d’une visite  : une rosace extérieure  taillée sous le clocher et à même la pierre, qui représente la dévotion à la Vierge Marie mais aussi un double bénitier, extérieur et intérieur à l’édifice, qui permettait aux personnes atteintes de la lèpre ( et qui n’avaient pas droit à entrer dans les lieux de culte), de se signer de l’extérieur.

C’est en 2013 que la municipalité décida d’acquérir pour l’euro symbolique le terrain où est implantée la chapelle. Et en 2015  sa restauration complète fut réalisée ( toiture, peinture, zinguerie …)

Depuis, la chapelle est ouverte au public d’avril à octobre pour permettre aux personnes de se recueillir et de faire à leur tour un voeu,

….. car il se chuchote, dans certaines chaumières, que ” tout voeu prononcé dans cette chapelle ne peut aboutir qu’à sa réalisation un jour ou l’autre”.

 

LE  FOUR  A  PAIN  DU  GUA

Il s’agit d’un véritable petit bijou du patrimoine local, complètement restauré, sans modification intérieure et rehaussé d’un calvaire.

L’ensemble est très spécifique du hameau, tout en étant isolé. Assorti d’une petite cheminée, il s’intègre parfaitement au milieu environnant par sa confection en pierres du pays identique à celle des habitations. La toiture est du même style. Autrefois destiné à la fabrication du pain, il couvrait les besoins des locaux et vraisemblablement ceux des hameaux voisins.

L’intérieur couvre une surface de travail de quelques 10 m2, avec fenestron pour l’aération et surtout une entrée de four en demi-cercle fabriquée en pierre de grès du pays soigneusement mis en valeur et articulé par un système d’ouverture en fer forgé caractéristique de l’époque. La vente et la diversité des produits ( miches et pains de campagne ) devaient se faire sur place à l’écoute des habitants. Cette construction remonterait aux années 1800.

Elle est bien évidemment interdite d’usage et précieusement conservée.

 LE  PONT  DU GUA

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Le pont du Gua est un pont reliant Beaumont à Sanilhac, sur la rivière ” la Beaume”.

C’est une belle construction à trois arches reliant les deux rives, d’une largeur interdisant un trafic routier moderne.

Au pont du Gua, pendant le premier tiers du XXe siècle, une usine utilisant la force de l’eau, produisait de l’électricité nécessaire au réseau de la ville de Largentière. Ce monument est classé depuis 1984..

LE  CHÂTEAU DE VERSAS (domaine privé)

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Constitué de deux ailes de part et d’autre d’une tour octogonale,il présente une splendide façade Renaissance dominant tout le paysage de la localité de Joyeuse ainsi que les confluents des vallées du Chassezac et de l’Ardèche.

Sa construction date vraisemblablement du XVIe siècle. D’importants remaniements ayant été effectués entre 1594 et 1603 par Françoise de Bernard, Dame de Versas et son époux. Seul, le donjon ( ou la tour centrale ) est classé.

Un vieux colombier complète l’ensemble et rehausse la valeur patrimoniale des lieux.

Une importante protection environnementale ( libre de toute protection ) a été instaurée autour de ces deux édifices. Chaque année en été, depuis deux ans,  un concert  est donné dans ses jardins périphériques.